Ruth Caig
Tumble down
Appréciation d’une amie
Ruth est une artiste qui utilise une variété de médiums pour capturer les surfaces urbaines. Elle s’intéresse à tout ce qui est variété et matérialité des choses. Son studio londonien contient des collections de vieux graffitis craquelés recueillis dans les quartiers industriels, bien loin du décor de sa résidence au château de Sacy.
Fabriqués en contreplaqué, peints à l’acrylique puis recouverts d’émulsion, des cubes sont empilés sur des palettes. Une lumière scintillante s’introduit par la lucarne du grenier, illumine les surfaces soigneusement recouvertes de nuances « pantone » et y danse. Les différentes faces des cubes à leur tour reflètent les couleurs et les répandent dans l’ensemble du grenier. Formes et teintes contrastent avec la simplicité rustique du grenier de Sacy. Un arrangement subtil dans l’assemblage des cubes, qui tient compte de la lumière naturelle, augmente encore cet effet.
A l’origine les cubes étaient bien ordonnés. Cela détonnait avec la rusticité ambiante. Remarquant dans la cour des bûches et des briques empilées les unes sur les autres Ruth imagina de recréer au grenier la débâcle qui aurait eut lieu si ces tas s’étaient effondrés.
Il y avait aussi la logique intuitive qui guidait une composition basée sur un espace architectural – les palettes alignées selon les traits architecturaux du grenier tels que la porte, les poutres et les fenêtres.
Les entonnoirs et les pots de fleurs utilisés ici comme réceptacles et la peinture qui en coule révèlent l’approche méthodique et néanmoins ludique de Ruth quant à l’espace tri-dimensionnel.
Traduction H.W.
Notes de l’artiste
Utiliser des boîtes et les empiler les unes sur les autres de façon à échafauder une pièce monumentale à partir d’éléments plus petits, ça m’est venu à l’esprit quand je cherchais à faire quelque chose qui ne soit pas écrasé par la taille imposante du grenier. Ainsi l’espace avait dicté l’échelle de mon travail. A la campagne il y a toujours beaucoup de choses en tas : du bois, des briques, des tuiles etc. On pense à une dégringolade éventuelle, d’où le titre.
Le lieu d’exposition a aussi été choisi en fonction des composantes architecturales. Je voulais qu’en faisant le tour de l’installation, on aperçoive la cour par la fenêtre. Je m’apercevais que j’avais, sans m’en rendre compte, aligné les palettes avec des éléments-clés tels que l’escalier ou bien les fenêtres. L’idée d’utiliser des palettes m’est venue en désespoir de cause, quand une livraison de bois a fait défaut. J’ai donc commencé mon travail avec des objets trouvés.
Les coloris sont ceux du site : du plâtre, de la rouille, des éléments peints, les fleurs des champs au mois de juin. Au départ je voulais des couleurs neutres mais rapidement je suis devenue comme un enfant dans une confiserie. Chaque surface est peinte d’une couleur différente, un champ de couleur en suggérant un autre.
A part mes entonnoirs de verre habituels, j’ai utilisé des entonnoirs à vin anciens. J’y ai ajouté des pots de fleurs, une allusion à tout le jardinage autour de moi, dans le parc et dans le jardin potager.
Traduction H.W.
Travail antérieur