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Le Château
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La façade du château

Histoire du Château de Sacy et de Sacy-le-Petit

Situé dans un village aménagé sous l’occupation romaine, le Château de Sacy, ancien logis de ferme, prend sa forme actuelle sous l’Empire. Ses propriétaires d’alors, ayant fait fortune dans la betterave sucrière grâce à l’embargo sur le sucre de canne en provenance des îles de la Martinique, complétèrent la transformation en remplaçant les vergers par un « parc à l’anglaise » selon la mode de l’époque.

Hermine Williams, qui en hérite en 1994, est la descendante de la famille qui, il y a deux cents ans, transforma la ferme en château.

Arbre généalogique

Cliquez sur l’image pour l’arbre généalogique des propriétaires du Château de Sacy.

Sacy-le-Petit - domaine gallo-romain

L’histoire du Château de Sacy est liée de près à celle de Sacy-le-Petit, un petit village de l’Oise, en Picardie. Le nom de Sacy-le-Petit vient du prénom latin Sacius / Satius ou Sattius, dérivé de l’adjectif « satis » (suffisant), et signifierait « domaine appartenant à un homme nommé Sacius ou Satius ». Sacy-le-Petit est un site préhistorique qui a eu une grande importance sous l’occupation romaine du fait de sa proximité avec la route avoisinante qui s’est appelée plus tard « voie royale », et aussi « le pavé », qui passe par Estrées Saint-Denis. Cette route permettait de transporter l’étain pris en Angleterre jusqu’à Rome, où l’on n’en trouvait pas. Très vite les Romains installent un camp de surveillance pour empêcher le pillage des chariots par les habitants qui les voient passer avec convoitise. En effet une villa romaine et son site ont été découverts lors d’une prospection aérienne en 1975, aux lieux-dits, Champs de Francières, les Ravins et les Pintes.

« De l’époque gauloise il demeure, sur le chemin de Sacy à Grandfresnoy, au calvaire, un tumulus dont la forme primitive a presque disparu. Il abriterait des tombes … la tradition locale prétend que les chevaux qui conduisaient la charrue à sa surface, mouraient successivement dans un délai rapproché, ce qui avait fait renoncer à sa culture … En démolissant dans l’année 1792 un tertre qui supportait un calvaire, près de Sacy-le-Petit, on le trouva rempli de sarcophages. » - Louis Graves, Notice Archéologique sur l’Oise, 1855

Le Moyen-Age - château-fort et nécropole

Aux lieux-dits la Motte-Riffard et Frotte-au-Cul (appellation qui témoigne de la culture des chardons), et non loin du tumulus mentionné ci-dessus, une nécropole du haut Moyen-Age fut fouillée de 1978 à 1980 : on trouva là une cinquantaine de tombes datant du Vlème siècle. A cette nécropole serait rattaché un château-fort maintenant totalement disparu, à part une élévation et de vieux murs, sur l’actuelle place de la Liberté.

En 877 l’Empereur Charles le Chauve donna des terres à Sacy à l’abbaye Saint-Corneille de Compiègne (cartulaire de Saint-Corneille 1218). L’abbaye de Chaalis y possède également des terres, mentionnées dans le remembrement de 1181, l’abbaye du Moncel aussi. Une chapelle est construite à l’emplacement de l’église actuelle.

Plan de 1791
1791
Plan d'aujourd'hui
Aujourd'hui

Cliquez sur les images pour le plan des maisons Colin et Doisy à la fin du XVIIIème siècle et celui du Château de Sacy aujourd’hui.

Le 17ème siècle - Les ducs de La Mothe-Houdancourt et les Dames du Val-de-Grâce

En 1624, Anne d’Autriche retire à l’abbaye Saint-Corneille ses terres de Sacy. Elle les donne à des religieuses bénédictines pour lesquelles elle fait construire l’abbaye du Val-de-Grâce à Paris, et ce afin de remercier le Seigneur de lui avoir donné un fils, le futur Louis XlV. Les Pottier deviendront, de père en fils, régisseurs de ces terres et aussi du moulin de la Montagne, situé sur la colline entre Sacy et Grandfresnoy. Simultanément avec cette installation religieuse apparaît la famille La Mothe-Houdancourt, propriétaire d’un ensemble de châteaux qui en construira aussi un à Sacy, où mourra, en 1651, Philippe ler de la Mothe, père de 19 enfants.

En 1653 Louis XlV nomme maréchal Philippe de la Mothe-Houdancourt, en récompense de ses services à la guerre, et crée le duché-pairie du Fayel. Sacy-le-Petit devient châtellenie.

Mesurage

Cliquez sur l’image pour un plan de la ferme des Dames de Val-de-Grâce, à côté de l’église, achetée en 1791 comme bien national par Nicholas Pottier.

Le 18ème siècle - La famille Pottier

En 1757, le marquis de Gamaches, époux de Jeanne-Gabrielle de la Mothe-Houdancourt, vend tout ce qu’il tient de sa femme à Sacy pour couvrir des dettes de jeu. Nicolas Pottier, régisseur des Dames du Val de Grâce, et son épouse, Marie-Françoise LeBrasseur, achètent et terres et château ducal. En 1758, ils achètent la Maison Colin, une ferme à l’état de masure, qui donne sur la rue Verte, en face du parc du château ducal. En 1779, ils achètent la Maison Doisy, la ferme d’à côté, également réduiteà l’état de masure. Ils réunissent alors les jardins des deux fermes, soit les vergers et les potagers, et remettent en état la maison Doisy pour y habiter.

Le fils de Nicolas Pottier, Philippe, habite avec sa femme Madeleine-Félicité Lemoine la ferme de l’abbaye des Dames du Val-de-Grâce, attenant à la chapelle. Le château ducal est vendu sans son parc à un Claude-François Dupressoir, cultivateur de son état. Suivent des années sombres pour Nicolas Pottier. Son fils Philippe meurt à l’âge de 23 ans, en 1785. Sa bru se remarie immédiatement avec le nouveau propriétaire du château (et y emménage) en 1786. Sa femme meurt en 1788.

Quand les terres des religieuses sont mises en vente comme biens nationaux, Nicolas Pottier les achète. A l’époque de la Révolution, la famille Pottier dispose à Sacy-le-Petit des biens des Dames du Val-de-Grâce et des biens des La Mothe-Houdancourt mais pas du château. Nicolas Pottier, une fois devenu veuf, perd la raison dans sa belle maison et y meurt en 1800.

Le 19ème siècle - La famille Dupressoir

C’est alors que Claude-François et Madeleine-Félicité Dupressoir décident de reprendre cette maison, qu’il a aménagée avec tout le confort moderne de l’époque : puits personnel etc. Ils abandonnent donc le château ducal, non sans avoir, au préalable, déménagé de deux cent mètres pour les installer dans leur nouvelle maison tout ce qu’ils en aiment : boiseries, trumeaux, cheminées et plaques, sans oublier la balustrade d’époque Louis XlV qui autrefois donnait sur le parc, vraisemblablement dessiné par Le Nôtre.

Nous sommes sous l’Empire. Bientôt enrichis par l’embargo sur le sucre de canne, en provenance des îles de la Martinique, et le développement de la betterave sucrière qui s’ensuivit, ils transforment l’ensemble des deux fermes et jardins en « château ». A une époque où Napoléon fait duchesse Madame Sans-Gêne, cela n’a rien de surprenant. Un parc « à l’anglaise » remplace les vergers. On démolit la grange qui atteint au corps de logis en réduisant simultanément la cour de ferme, qu’on appelle désormais les « communs ». Une allée serpente jusqu’à une grille qu’on installe en perçant le mûr de clôture. Cette grille, qui donne sur l’église et le village, permet à tout un chacun d’admirer à distance le nouveau château, son perron bordé de la balustrade de l’ancien château ducal, son puits personnel.

Le château vue de derrière

Fin de siècle - Les Deneufbourg / Dupressoir

Henriette-Félicité Dupressoir, arrière petite fille de Madeleine-Félicité et Claude-François Dupressoir, épouse un belge bientôt naturalisé français, Emile Deneufbourg, qui lui aussi, comme les autres occupants du château, sera maire du village.

En 1897 il crée sur les terres de son épouse, au coin de l’ancien parc du château ducal, le cimetière actuel avec la petite chapelle en son centre portant les noms de Deneufbourg et Dupressoir. Un pin d’Autriche domine l’ensemble : il plante une rangée entière de ces grands arbres dans son jardin. Henriette-Félicité, fière de cette innovation, fait percer le coin du mur et y met une grille de façon à voir le nouveau cimetière se fondre dans le paysage.

Le salle de billiard et le salon

Aujourd’hui

L’occupant actuel est Hermine Williams, arrière-petite-fille de Henriette-Félicité et descendante de Madeleine-Félicité et Claude-François Dupressoir. Elle hérite du quart de tiers du château à la mort de sa grand mère Hermine Dupuis, née Deneufbourg, en 1986. A la mort de son grand père, Armand Dupuis, qui en avait l’usufruit, elle rachète les parts de ses frères et sœurs, de ses cousins et de sa tante et emménage en 1994.

Depuis, la plupart des toitures (sauf celle du château) ont été refaites à neuf et l’association Ateliers d’Artistes de Sacy a mis au point l’accueil des artistes en arts plastiques dans le cadre d’expositions et de résidences. Les jardins, le potager et le verger en particulier, sont entretenus selon la méthode du jardinage biologique. Des jardiniers bénévoles du monde entier viennent aider à la culture des légumes et des fleurs. Le potager actuel est toujours sur l’emplacement de celui de la Maison Colin. Le château et le parc, havres de paix et de tranquillité, sont ouverts au public pendant les mois d’été.

Sources : Maurice Lebègue, Les noms des communes du département de l’Oise, 1994 ; Visite-promenade de Madame Marot, conférencière, le 18 juin 1998, à l’instigation du Comité de Sauvegarde du Patrimoine de Sacy-le-Petit ; Louis Graves, Notice archéologiques sur l’Oise, 1855 ; Georges-Pierre Woimant, Carte Archéologique de la Gaulle, L’Oise 60. CNRS, 1995 ; Abbé Morel, Houdencourt, seigneurie et paroisse, 1882 ; Françoise Bertin, archives du Château de Sacy 1998.